Cet article a été initialement publié dans le quotidien Les Echos (24 août 2020)

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Habitat partagé, habitat participatif ou encore « coliving », ces nouveaux modes d’habitation ne cessent de se développer depuis quelques années.

Quels sont-ils ? Que représente ce marché ? Quels sont les avantages et inconvénients ? CQFD fait le point. 

En cette période de crise sanitaire due au Covid-19, les promoteurs immobiliers mettent en avant des nouveaux modes de vie. L’habitat partagé ou participatif, ainsi que le coliving bénéficient d’un regain d’intérêt. CQFD fait le point sur ces offres qui se développent depuis quelques années. 

1. Quelles différences entre habitat participatif, habitat partagé et coliving ? 

Souvent vue comme la colocation 2.0, le coliving en est pourtant assez éloigné. Au sein d’une maison ou d’un appartement, ce type d’habitat est tourné autour du service. Dans le loyer sont inclus un certain nombre de services qui viennent s’ajouter à la chambre avec sa salle de bains privative. Ces prestations vont de l’assurance au wifi, en passant par le ménage, des offres d’abonnements (tel Netflix ou Spotify). Mais aussi des espaces de vie communes, comme une salle de sport, un restaurant, et même des animations.

Dans l’habitat partagé, chacun est propriétaire de son appartement. L’immeuble propose une prestation autour du partage d’espaces communs comme des jardins, des terrasses ou même des toits.

Pour ce qui est de l’habitat participatif, nommé également cohabitat, les futurs propriétaires conçoivent leurs logements et leurs espaces collectifs en fonction de leurs besoins et moyens. Des familles, des ménages ou groupes d’habitants décident de mettre en commun leurs ressources pour réaliser et financer ensemble leur résidence. Les futurs propriétaires peuvent décider de l’aménagement du bâtiment qui sera géré collectivement par une société dont ils sont fondateurs ou sociétaires.

2. Où en est le marché en France ? 

En 2019, plus de 170 projets d’habitats participatifs aboutis (soit l’équivalent de 1.400 logements) ont été enregistrés par Habitat Participatif France. Sur son site internet, ce groupement d’associations militant pour le développement de ce type d’habitations recense les projets en cours en France. Il met également en relation des personnes intéressées pour monter un cohabitat.

Le coliving représente aujourd’hui plus de 80 espaces, soit 3.500 chambres, selon les chiffres de la plateforme ColivMe. Ce site développé par Lionel Bodénès et Alexandre Marcadier, collaborateurs de BNP Paribas Real Estate, recense l’ensemble des offres de coliving disponibles en France. ColivMe met également en relation les particuliers, ou les promoteurs avec des entreprises spécialisées dans la création d’espaces de coliving, dans le but de proposer de nouvelles offres de ce type de logement.

Il est plus difficile d’obtenir des chiffres précis sur l’habitat partagé, tant le marché est diversifié. De nombreux acteurs revendiquent proposer cette nouvelle forme de logement tournée vers le partage d’espaces extérieurs. Des promoteurs comme My Wood Loft entendent, par exemple, créer des résidences dont les acquéreurs peuvent décider de l’aménagement des espaces verts.

BNP Paribas Immobilier Résidentiel souhaite également se lancer dans ce type de projets. Elle entend développer l’accès à des espaces extérieurs réservés à l’ensemble des résidents d’un même immeuble, notamment en favorisant l’aménagement des toits. Des promoteurs immobiliers comme Nexity poussent même plus loin. En plus de jardins partagés, leurs résidences accueillent déjà des espaces communs à l’intérieur des bâtiments. Comme des chambres d’amis que l’on peut réserver, une salle de sport ou encore des espaces de coworking.

3. Quels sont les avantages de ces habitats ? 

Coliving, habitat partagé ou participatif, tous mettent en avant le vivre ensemble. C’est aussi un mode de vie qui, selon les promoteurs, a gagné en popularité pendant le confinement lié à la pandémie de coronavirus. Ces types de logements s’apparentent en effet à une solution pour faire face à l’isolement et peuvent permettre un accès à l’extérieur par un jardin ou un balcon partagé.

Avec ces nouvelles formes d’habitats, les promoteurs affirment apporter des formes de constructions innovantes pour répondre au manque de sociabilité, ou d’espaces, ressenti lors du confinement. Le fait de faire garder ses enfants par ses voisins pendant le Covid, d’échanger ou de bénéficier de soutien de la part des autres, de services mis en place par la résidence…

La demande de collectivité des nouveaux propriétaires et locataires a aussi progressé. Le côté solidaire mis en avant par l’habitat participatif et coliving peut ainsi séduire de nouveaux adhérents. Dans des zones urbaines où le prix du foncier est élevé, il est compliqué d’avoir un espace de travail hors de son salon ou de s’offrir une chambre d’amis. Les espaces partagés avec des voisins peuvent être une solution pour bénéficier d’une pièce en plus.

4. Ces projets sont-ils plus compliqué à réaliser ? 

Ces projets immobiliers innovants rencontrent quelques obstacles dans leurs développements. Pour le coliving, la difficulté première est de trouver la bonne surface, le bon bâtiment permettant de développer l’offre et tous les services associés. En milieu urbain, ce n’est pas toujours facile de trouver des logements assez grands pour y construire plusieurs chambres avec leurs salles de bains, mais aussi les espaces communs partagés.

Pour les promoteurs immobiliers, l’habitat participatif est, quant à lui, souvent vu comme une « utopie ». Le directeur opérationnel de Valoptim, Mohamed Dharouch, estime que ce type de résidences peut même être un véritable frein. « On ne peut pas prendre en compte les désirs et les souhaits de tous », souligne-t-il. En laissant les particuliers définir leurs habitats, les travaux sont plus longs, et les projets mettent plus de temps à sortir de terre.

Toutefois, les promoteurs s’adaptent à la demande grandissante pour ces types d’habitation. Valoptim, au travers de sa marque My Wood Loft, ou encore Nexity proposent une offre hybride située entre habitat participatif et habitat partagé. Les promoteurs de Valoptim réalisent une analyse de terrain, établissent le profil des clients pouvant adhérer aux futurs logements et dessinent ensuite le projet qui convient le mieux. Nexity y ajoute une étape : avant de lancer la construction, le promoteur demande aux futurs résidents la manière dont ils souhaitent aménager les parties communes.